Cerner les mystères des terribles tauopathies : une protéine qui nourrit l’espoir

Cerner les mystères des terribles tauopathies : une protéine qui nourrit l’espoir

De gauche à droite : Michel Cayouette, Thomas Brown, Marine Lacomme, Christine Jolicoeur, Sarah Hales.

Des travaux majeurs menés au laboratoire du Dr Michel Cayouette, directeur de l’Unité de recherche en neurobiologie cellulaire à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) et professeur-chercheur au Département de médecine de l’Université de Montréal, ont permis de mettre au jour un mécanisme contrôlant les niveaux cellulaires de la protéine Tau, dont l’accumulation anormale est à l’origine des tauopathies, une classe de maladies neurodégénératives dévastatrices. 

Les résultats de ces recherches, qui sont publiés aujourd’hui dans la prestigieuse revue scientifique Science Advances, montrent que la protéine Numb agit en tant que régulateur des niveaux intracellulaires de la protéine Tau, ce qui en fait un agent thérapeutique potentiel pour les tauopathies.

Les tauopathies, ces terribles maladies
Les tauopathies sont une grande famille de maladies neurodégénératives qui comprend, mais sans s'y limiter, la maladie d'Alzheimer. Ces affections sont caractérisées par une élévation des niveaux intracellulaires de la protéine tau, ce qui devient éventuellement toxique pour les neurones et mène à leur dégénérescence. Comprendre les mécanismes par lesquels les niveaux de la protéine Tau sont régulés est donc très important pour mettre en place des stratégies thérapeutiques efficaces contre ces maladies dévastatrices. 

Influer sur les niveaux de la protéine Numb pour ralentir la neurodégénérescence
Dans ces nouveaux travaux, Marine Lacomme, chercheuse associée et première auteure de l’étude, et plusieurs autres membres de l’Unité de recherche en neurobiologie cellulaire de l’IRCM ont démontré que l'inactivation de la protéine Numb dans des neurones de la rétine et dans les motoneurones de la moelle épinière mène à une élévation des niveaux de Tau et accélère la progression de la maladie et la perte de neurones. Ainsi la protéine Numb agit comme un régulateur négatif des niveaux intracellulaires de la protéine Tau. Ces constats ont conduit les scientifiques à se demander si, à l’inverse, la surexpression de la protéine Numb pourrait diminuer les niveaux de Tau et agir de façon bénéfique afin de ralentir la perte de neurones. 

En accord avec cette hypothèse, l’équipe a observé que la surexpression d’une forme spécifique de la protéine Numb (appelée Numb-72) diminuait les niveaux de Tau et ralentissait la mort des neurones de la rétine dans des modèles animaux de tauopathie. Résultats spectaculaires: les souris ainsi traitées ont mieux réussi un test visuel que les souris non traitées, ce qui illustre non seulement un ralentissement de la perte de neurones, mais aussi une amélioration de leur fonction. 

Bien que d’autres travaux soient nécessaires pour étendre cette découverte, entre autres en testant son potentiel pour freiner la dégénérescence de neurones humains, ces résultats prometteurs font naitre l’espoir de voir Numb-72 devenir éventuellement un facteur thérapeutique pour le traitement des tauopathies. 

Remerciements
Ces travaux ont été rendus possibles grâce au financement de la Société Alzheimer du Canada, les Instituts de recherche en santé du Canada et la Fondation de l’IRCM.  

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