Une approche nutritionnelle abordable et efficace pour aider à réduire l’inflammation et prévenir le diabète de type 2
De gauche à droite: Simon Bissonnette, May Faraj et Valérie Lamantia ©️IRCM
L’équipe de la Dre May Faraj, professeure de nutrition à l’Université de Montréal et directrice de l’Unité de recherche en nutrition, lipoprotéines et maladies cardiométaboliques à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM), jette un éclairage nouveau sur le rôle de la supplémentation en oméga-3 d'origine marine dans le traitement de l’inflammation du tissu adipeux et la réduction du risque de maladie cardiométabolique, comme le diabète de type 2.
Une avancée prometteuse
Publiée récemment dans la revue scientifique Scientific Reports, l’étude révèle que les sujets présentant un taux sanguin élevé de lipoprotéines de basse densité (LDL), communément appelé « mauvais cholestérol », ont une inflammation plus élevée de leur tissu adipeux que ceux ayant un faible taux de LDL. De plus, l’équipe a démontré que, chez les sujets ayant un taux élevé de LDL dans le sang, l’inflammation du tissu adipeux était associée à des anomalies du métabolisme des glucides (sucre) et des graisses, qui augmentent le risque de diabète de type 2. De plus, alliant la recherche clinique et la recherche fondamentale, l’étude a révélé que la supplémentation en oméga-3 à base d’huile de poisson était efficace pour inhiber les effets du LDL sur l’inflammation du tissu adipeux et son association aux facteurs de risque liés au diabète de type 2 et aux maladies cardiovasculaires. La supplémentation en oméga-3 a également amélioré les anomalies du métabolisme des glucides et des graisses chez tous les sujets.
La supplémentation en oméga-3 disponible sans ordonnance pourrait ainsi constituer une stratégie très efficace pour le traitement de l'inflammation des tissus adipeux et la prévention des maladies qui y sont associées, telles que le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires, en particulier chez les personnes ayant un taux élevé de LDL.
Pourquoi est-ce important?
Le diabète est une maladie chronique complexe qui se déclare lorsque l’organisme ne produit pas assez d’insuline et/ou ne répond plus à son action. Ainsi, le diabète réduit la capacité du corps à métaboliser le sucre, les gras et les protéines. Affectant les humains de tous âges et horizons, le diabète touche 529 millions de personnes dans le monde, dont la majorité présente le type 2. Au-delà de son poids au quotidien, le diabète de type 2 augmente les risques de développer diverses maladies cardiovasculaires, des maladies du rein et de la vue, et demeure la principale cause d’invalidité au monde. Il est important de noter que la plupart des Canadiens et des Canadiennes ne consomment pas suffisamment d’EPA et de DHA dans leur alimentation et ont de faibles niveaux d’EPA et de DHA dans leur sang.
La bonne nouvelle est que le diabète de type 2 peut se prévenir et d’excellents travaux de recherche comme ceux de la Dre May Faraj pourraient contribuer à y parvenir en augmentant l’EPA et le DHA dans le sang.
En profondeur
Pour comprendre comment le LDL et les oméga-3 influent sur le risque de développer le diabète de type 2, l'équipe de Dre Faraj a recruté 40 volontaires en bonne santé pour une étude clinique entre 2013 et 2019. Parmi eux, 33 ont suivi une intervention de 12 semaines avec une supplémentation en oméga-3, apportant 2,7 g d'EPA et de DHA dans l'huile de poisson par jour. Cette dose d'EPA et de DHA se situe dans la fourchette recommandée pour la supplémentation par Santé Canada.
L’équipe de la Dre Faraj a constaté que la supplémentation en EPA et DHA:
- Améliorait la sécrétion d’insuline du corps en réponse à l’augmentation de la glycémie et à son élimination des graisses sanguines après un repas riche en gras.
- Bloquait la capacité du LDL des sujets à induire une inflammation dans leurs tissus adipeux.
- Éliminait le lien entre l’inflammation du tissu adipeux induite par le LDL (ou d’autres déclencheurs inflammatoires métaboliques et microbiens) et plusieurs facteurs de risque liés au diabète de type 2 et aux maladies cardiovasculaires.
Plus les niveaux d’EPA et de DHA dans le sang étaient élevés, meilleure était la gestion des facteurs de risque cardiométaboliques. De plus, l’équipe a pu corroborer ces observations par des expériences en laboratoire (en culture) utilisant le LDL, le tissu adipeux des sujets et les oméga-3, reproduisant avec succès les effets observés lors de l’intervention avec l’oméga-3.
Lire l’étude au complet: EPA and DHA inhibit LDL-induced upregulation of human adipose tissue NLRP3 inflammasome/IL-1β pathway and its association with diabetes risk factors | Scientific Reports.
À propos des travaux de Dre May Faraj
Depuis plus d’une décennie, les travaux du laboratoire de la Dre May Faraj à l’IRCM font avancer la compréhension du rôle du LDL dans le diabète de type 2, élargissant ainsi leur rôle traditionnel dans les maladies cardiovasculaires. La recherche de son laboratoire, confirmée par de grandes études épidémiologiques, indique qu'un nombre élevé de LDL (mesuré par l’apoB sanguine) est une cause et pas seulement une conséquence du diabète de type 2. Cet essai clinique avec l’EPA et le DHA révèle en outre un mécanisme par lequel le LDL favorise le risque de diabète de type 2 ainsi que la façon de le traiter à l’aide d’oméga-3.
Remerciements
La Dre Faraj souligne le dévouement et le travail acharné de son équipe de recherche. Elle remercie la Clinique de l'IRCM et les plateaux techniques de l’Institut pour leur collaboration inestimable, ainsi que de la Fondation de l'IRCM pour son soutien. Elle exprime sa gratitude sincère aux participants volontaires à la recherche, dont la contribution rend les découvertes scientifiques chez l’humain possibles. Ces travaux ont été soutenus par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) et la Fondation canadienne pour l'innovation (FCI).