L'étude de l'IRCM ouvre la voie à des options diagnostiques précoces et à des thérapies nouvelles.
De gauche à droite: Clémence Schmitt, Jennifer Estall et Aysim Gunes
L'équipe de la Dre Jennifer Estall de l'Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) a récemment publié une étude qui apporte de nouvelles connaissances sur deux maladies métaboliques majeures : le diabète et la stéatose hépatique, communément appelée maladie du foie gras.
Publiée dans la revue scientifique Diabetes, l'étude met en lumière la façon dont ces maladies s'influencent mutuellement, tout en identifiant de nouveaux biomarqueurs et de nouvelles cibles thérapeutiques potentielles.
En profondeur
Dirigée par Dre Aysim Gunes, première auteure de la publication et chercheuse associée au laboratoire Estall, l'étude a révélé la présence anormalement élevée de protéines appelées sIL-6R et sgp130 dans le sang des patientes et patients atteints de la stéatose du foie, une présence encore plus marquée chez les personnes vivant avec le diabète. L'équipe a pu établir qu'un taux élevé de sucre et de lipides, tel que retrouvé dans le diabète, incite différents types de cellules hépatiques à produire ces protéines, qui sont impliquées dans le contrôle de l'inflammation.
L'étude a surtout révélé que la concentration de sgp130 dans le sang est un très bon indicateur de lésions hépatiques, tant chez les hommes que chez les femmes, ce qui suggère que cette protéine pourrait également être un bon biomarqueur circulant de la maladie hépatique. Les biomarqueurs actuels de la maladie stéatosique du foie ne détectent que les stades avancés de la maladie, et nombre d'entre eux fonctionnent différemment chez les hommes et chez les femmes.
Nous cherchons depuis longtemps à comprendre comment la stéatose hépatique est liée au diabète de type 2. Notre nouvelle étude pourrait expliquer pourquoi la stéatose hépatique est plus fréquente chez les diabétiques et pourquoi le diabète semble aggraver cette maladie métabolique du foie. Elle offre également un nouveau moyen prometteur de détecter les lésions hépatiques chez les patientes et patients atteints d'une maladie métabolique, explique Dre Estall, directrice de l'Unité de recherche sur les mécanismes moléculaires du diabète.
Notre découverte d'un nouveau biomarqueur efficace des lésions hépatiques à des stades précoces de la stéatose hépatique pourrait ouvrir la voie à de nouveaux tests non invasifs permettant de diagnostiquer la maladie plus tôt, a déclaré Dre Gunes.
À propos de la stéatose hépatique
La stéatose hépatique est une maladie métabolique qui touche 25 % de la population générale en créant une accumulation de graisse et de tissu cicatriciel dans le foie. Bien qu'elle ne présente que peu de symptômes, cette maladie est connue pour causer des dommages importants au foie au fil du temps, ce qui finit par avoir un impact sur le métabolisme des médicaments et la désintoxication des toxines, tout en augmentant le risque de cancer. En l'absence de moyens sensibles pour mesurer les dommages causés au foie dans ses premiers stades, la maladie est difficile à diagnostiquer à un stade précoce, alors qu'elle est encore réversible par le régime alimentaire, l'exercice physique ou les médicaments.
Remerciements
Nous tenons à remercier le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), la Fondation canadienne du foie (FCF), Merck, Sharp and Dohme Corp, et l'Université de Montréal pour le financement de cette recherche. Nous remercions également les nombreux collaborateurs et collaboratrices qui ont rendu cette étude possible. Le projet a impliqué une grande équipe de chercheurs et chercheuses, de cliniciens et cliniciennes, ainsi que de patients et patientes partenaires provenant de plusieurs instituts de recherche, provinces (Québec et Ontario) et pays (Canada, Turquie, Israël).