Vers une guérison des lymphomes : des travaux porteurs d’espoirs

Vers une guérison des lymphomes : des travaux porteurs d’espoirs

Les recherches menées par l'équipe de Tarik Möröy, professeur à l'Université de Montréal (UdeM) et chercheur à l’Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM), ouvrent une nouvelle compréhension des mécanismes de la transformation maligne des lymphomes et pavent la voie à une cible thérapeutique prometteuse.

Directeur de l'unité de recherche sur l'hématopoïèse et le cancer de l'IRCM, affilié à l'UdeM, Professeur Möröy a découvert avec son équipe qu'une enzyme spécifique, une ARN hélicase appelée DDX3, est nécessaire au développement et à la progression des lymphomes.

Leur étude est publiée aujourd'hui dans la revue Cancer Research.

Le lymphome survient souvent chez les enfants ou les jeunes adultes et se caractérise par l'expansion incontrôlée des cellules de notre système immunitaire appelées lymphocytes, provoquant de grandes masses de tissus qui défigurent souvent les patients. Ce type de cancer est généralement traité par l'ablation chirurgicale des masses tumorales, puis, dans la plupart des cas, par chimiothérapie, avec des taux de rémission élevés, supérieurs à 80 % chez les enfants. 

Le problème de ce traitement est sa forte toxicité, car la chimiothérapie utilise des poisons puissants à haute dose qui ont le potentiel de tuer toutes les cellules, qu'elles soient cancéreuses ou normales. Et le traitement s'accompagne d'effets secondaires graves, notamment de cancers secondaires qui surviennent plus tard dans la vie.

L'impact sur les enfants atteints de lymphome est important car ils sont encore en développement. La maladie peut revenir dès six mois après le traitement, et un lymphome dit "récidivant" a un très mauvais pronostic, simplement parce que les médicaments chimiothérapeutiques très puissants utilisés pour le combattre ne fonctionnent plus. 

L'importance du gène DDX3

Ces nouvelles recherches menées par Marion Lacroix, doctorante dans le laboratoire de Professeur Möröy, se sont penchées sur ce problème et ont identifié une solution potentielle. Ces expériences montrent qu'une souche spécifique de souris qui développe spontanément un lymphome ne tombe plus malade et ne développe plus la maladie plus tard dans la vie, lorsque le gène DDX3 est éliminé par génie génétique. 

L'ARN hélicase DDX3 étant une enzyme et sa structure tridimensionnelle comportant plusieurs plis et poches, elle constitue une cible idéale pour les petites molécules qui se lient à ces poches et inhibent son activité. 

Dans cette optique, l'équipe du laboratoire de Möröy va maintenant tester des combinaisons d'inhibiteurs avec des médicaments chimiothérapeutiques conventionnels, dans le but de réduire leur dosage et donc la toxicité et les effets secondaires graves du traitement du lymphome - ce qui est particulièrement bénéfique pour les enfants et les jeunes adultes.

The X-linked helicase DDX3X is required for lymphoid differentiation and MYC-driven lymphomagenesis, par Pr Tarik Möröy et al, a été publié le 11 juillet 2022 dans Cancer Research.

Professeur Tarik Möröy est le directeur de l'unité de recherche sur l'hématopoïèse et le cancer à l'IRCM. Il est également professeur titulaire de recherche au Département de microbiologie, maladies infectieuses et immunologie de l'Université de Montréal et professeur adjoint à la Division de médecine expérimentale de l'Université McGill. Les travaux du professeur Möröy sont soutenus par des subventions des Instituts de recherche en santé du Canada, de la Fondation canadienne pour l'innovation et de la Société de recherche sur le cancer. Il a occupé une chaire de recherche du Canada (niveau 1) de 2007 à 2021 et a été le quatrième président et directeur scientifique de l'IRCM de 2006 à 2019. Il est également membre de l'Académie canadienne des sciences de la santé (ACSS).

Marion Lacroix est titulaire d'une maîtrise en biologie moléculaire et est doctorante dans le laboratoire du professeur Möröy à l'IRCM, inscrite au programme d'études supérieures en médecine expérimentale de l'Université McGill. Elle est venue de France à Montréal pour étudier à l'IRCM et entreprendre un projet de recherche sur le cancer pour sa thèse de doctorat. Elle a déjà présenté ses travaux lors de plusieurs conférences nationales et internationales et a reçu plusieurs bourses et prix prestigieux. Elle est actuellement bénéficiaire d'une bourse de la Fondation Cole.

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