Vers une prise en charge optimisée de la COVID-19

Vers une prise en charge optimisée de la COVID-19

La protéine PCSK9 détient une double clé pour contrer l’infection à la COVID-19

 

L'équipe de Dr Nabil G. Seidah, directeur de l'Unité de recherche en biochimie neuroendocrinienne de l'Institut de recherches cliniques de Montréal et professeur de l'Université de Montréal (IRCM), vient de mettre au jour un autre mécanisme important de l’infection à la COVID-19 qui pourrait contribuer à améliorer la prise en charge médicale de la maladie. 

Avec cette étude publiée récemment dans le journal Viruses, l’équipe du Dr Seidah est la première à établir, un rapport direct entre la protéine PCSK9, le cholestérol et l’infection au SARS-CoV-2. Lorsque le SARS-CoV-2 entre dans le corps, il se lie au récepteur ACE2 des voies respiratoires par le biais de sa glycoprotéine de surface S, connue sous le nom de spécule (Spike). Les vaccins visant à bloquer l’action de la spécule (Spike) sont présentement administrés mondialement et permettent de prévenir l’installation du virus dans les voies respiratoires. 

Or, l’étude du Dr Seidah montre que la PCSK9, une protéine qui régule le cholestérol LDL, dit « mauvais cholestérol », joue aussi un rôle dans l’infection par le coronavirus SRAS-CoV-2. L’équipe de recherche a découvert que la PCSK9 semble ouvrir une double voie encore insoupçonnée pour permettre de contrer la COVID-19. Les résultats obtenus pourraient expliquer pourquoi les patients qui prennent des statines, diminuant la synthèse du cholestérol intracellulaire tout en augmentant la synthèse de la PCSK9, seraient protégés en partie contre les hospitalisations à longue durée

En effet, dans un premier temps, la PCSK9 permettrait de réduire l’installation de l’infection. En régulant le cholestérol, la protéine PCSK9 pourrait aussi mener à la dégradation cellulaire de ACE2 dont le SRAS-CoV-2 a tant besoin pour s’installer dans les voies respiratoires, entrainant ainsi une réduction de l’infection. Puis, dans un second temps, après l’infection, le fait d’inhiber la PCSK9 aiderait à contrôler l’inflammation mortelle associée la COVID-19. Ainsi, la PCSK9 serait aussi partiellement responsable de l’augmentation de l’inflammation une fois l’infection installée. En effet, le rôle principal de l’enzyme ACE2 est de générer une molécule fortement anti-inflammatoire, l’angiotensine 1-7. En bloquant la PCSK9, l’équipe a observé une augmentation du niveau de ACE2.

Dans un contexte de COVID-19, la PCSK9 semble jouer un double rôle important et paradoxal. Il permet de limiter l’infection d’une part, mais par la suite, contribue à son aggravation d’autre part, explique le Dr Seidah. Cette compréhension nouvelle pourrait faire toute la différence dans la prise en charge médicale des cas graves de la COVID-19 qui nécessitent une hospitalisation due à la forte réaction inflammatoire induite à la suite de l’infection au coronavirus.

Ces résultats arrivent à point pour corroborer les observations d’une récente étude clinique au cours de laquelle des cliniciens américains ont administré un inhibiteur de la PCSK9 à 60 patients qui présentaient des troubles respiratoires importants dus à la COVID-19. Ces cliniciens ont alors observé une diminution significative de leurs troubles inflammatoires et la moitié d’entre eux ont pu quitter les soins intensifs.

Voir l’étude au complet

Remerciements
Ce travail fut réussi en grande partie grâce à une collaboration étroite entre les membres du laboratoire du Dr Seidah et de celui du Dr Éric Cohen de l’IRCM. Il a été rendu possible en partie grâce à deux octrois des IRSC. 

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