De gauche à droite : Christine Jolicoeur, Michel Cayouette et Maéva Langouët.
La découverte et la connaissance des gènes associés à la cécité infantile présentent des avantages immédiats et importants pour les personnes atteintes de perte de vision et leur entourage. Étape essentielle pour confirmer le diagnostic clinique, l'établissement d'une cause génétique ouvre la porte à des avenues thérapeutiques ciblées et personnalisées.
Une découverte publiée aujourd'hui dans la revue Science Advances montre que des mutations du gène BCOR sont à l'origine de la rétinite pigmentaire (RP) à début précoce, un groupe de maladies oculaires rares qui entrainent une perte progressive de la vision. Menés par la stagiaire postdoctorale Maéva Langouët et la professionnelle de recherche Christine Jolicoeur dans le laboratoire du Dr Michel Cayouette, de l'Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM), aussi professeur au département de médecine de l'Université de Montréal, en étroite collaboration avec le Dr Robert K. Koenekoop, directeur du service d'ophtalmologie pédiatrique de l’Hôpital de Montréal pour enfants, et une équipe de collaborateurs internationaux, ces travaux de recherche offrent des perspectives passionnantes pour l'avancement de la science et des soins aux patients.
Aider les familles québécoises atteintes de perte de vision, identifier leur gène causal et mettre au point des traitements sûrs pour ralentir ou arrêter la dégénérescence rétinienne ou même améliorer la fonction visuelle est au cœur de mes objectifs de carrière, déclare le Dr Koenekoop, qui est également chercheur principal dans le programme de santé infantile et de développement humain de l'Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill. C’est ainsi que lorsque nous avons découvert des mutations du BCOR, un "gène du cancer" impliqué dans le développement du lymphome à cellules B et d'autres cancers, dans une famille québécoise dont les trois jeunes garçons présentaient une perte de vision, mais pas de cancer, nous avons su que nous avions trouvé quelque chose qui nécessitait une étude plus approfondie.
Le Dr Koenekoop a immédiatement pensé à inviter le Dr Cayouette, internationalement reconnu pour ses travaux sur la biologie de la rétine - la fine couche de tissu nerveux située au fond de l'œil et essentielle à la vision - à se joindre à lui dans ce projet.
Grâce à une étroite collaboration avec le Dr Koenekoop et grâce à une famille québécoise dévouée, nous avons pu découvrir exactement comment les mutations identifiées dans le BCOR provoquent la perte de vision, complète le Dr Cayouette. À l'instar d'un thermostat qui régule la température d'une maison, nous avons découvert que BCOR régule précisément le niveau d'expression de nombreux gènes rétiniens. Lorsque des erreurs génétiques apparaissent dans le BCOR, ce processus de régulation est altéré, entrainant une activité anormale qui finit par provoquer la mort des cellules rétiniennes et la perte de vision.
En plus de fournir une voie potentielle vers la thérapie génique, ces travaux suggèrent que la manipulation de BCOR pourrait atténuer ou diminuer les actions néfastes d'autres mutations génétiques conduisant à la RP.
L'identification de nouvelles causes génétiques de maladies oculaires héréditaires offre un avantage immédiat et significatif aux personnes diagnostiquées ainsi qu'à leur entourage. Cela peut renforcer ou confirmer un diagnostic clinique, fournir plus d'informations sur la progression potentielle de la maladie et ouvrir la porte à des thérapies ciblées et personnalisées, déclare l’organisme Fighting Blindness Canada (FBC). FBC est fière d'avoir contribué au financement de cette découverte.
Un long chemin vers cette découverte
Plusieurs éléments font de ce travail de recherche une avancée exceptionnelle et digne d'intérêt. Alors que la découverte d'un nouveau gène prend habituellement de six à douze mois, la mise au jour des mutations du gène BCOR a pris beaucoup plus de temps. Financée en partie par les Instituts de recherche en santé du Canada, Fighting Blindness Canada, l'Institut de recherches cliniques de Montréal (IRCM) et la Fondation de l'Hôpital de Montréal pour enfants, la recherche a nécessité plus de cinq ans de travail de la part d'une équipe de scientifiques et de cliniciens dévoués à cette tâche.
Plus de 200 gènes impliqués dans la dégénérescence de la rétine ont été identifiés, mais à ce jour, environ 40 à 50 % des cas restent un mystère.
Contact:
Florence Meney
Directrice des communications, IRCM
florence.meney@ircm.qc.ca
514 755-2516
Christine Bouthillier
Agente d'information, Hôpital de Montréal pour enfants
christine.bouthillier@muhc.mcgill.ca
514 922-5696